Allocution prononcée par l’honorable Marie-Paule Charette-Poulin* le 21 mars 2025, à l’occasion de la 19^e Conférence Bastarache, tenue au Rideau Club à Ottawa.

Distingués invités, chers collègues de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, chère équipe de direction de l’Université Saint-Paul, chers étudiants et étudiantes,

Le vice-doyen Yan Campagnolo nous a invités la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont et moi à rendre hommage à notre francophonie ontarienne. Comme l’honorable Dumont le soulignait, nous sommes 1,6 million de personnes parlant français en Ontario, fières de notre langue et de notre culture. Et nous sommes toujours à la recherche de champions et de championnes pour notre francophonie.

Alors, comment pouvons-nous développer ces liens, les multiplier, les maintenir ? Nous le pouvons par l’intermédiaire de nos contacts et nos réseaux — ils sont précieux dans nos vies personnelles et professionnelles, même pendant nos études.

Cela dit, avant de partager avec vous quelques trucs, permettez-moi d’identifier les sept prémisses qui sous-tendent le succès de tout effort de réseautage :

1. La curiosité intellectuelle, la soif d’apprendre, en particulier au sujet de l’historique personnel de ceux et celles que nous rencontrons.
2. L’authenticité ou la fierté de qui nous sommes et d’où nous venons. Il faut être bien dans sa peau et suivre sa petite voix intérieure.
3. La fiabilité, le fait que les gens peuvent compter sur nous et notre discrétion.
4. La générosité : il ne faut pas hésiter à donner du temps aux gens que nous rencontrons et à partager notre expérience avec eux.
5. Le courage, c’est-à-dire avoir l’audace de demander des conseils et de l’aide.
6. L’appréciation : il est essentiel d’exprimer notre gratitude.
7. Enfin, le respect de l’autre, qu’il s’agisse du premier ministre ou d’un commis.=

Sur la base de ces sept prémisses, nous sommes maintenant prêts à répondre à la question suivante : « Comment développer, multiplier et maintenir ses liens ? »

Parlons d’abord du développement des liens :

1. Quel est l’outil clef ? Il s’agit de la carte professionnelle, a fortiori dans notre environnement technologique actuel. La carte est tactile (on la touche) ; elle est unique (elle contient vos coordonnées, incluant les réseaux sociaux) et surtout elle est accessible (vous devriez toujours la garder dans votre poche et non dans votre bourse ou votre porte-monnaie).
2. Pour obtenir et donner des cartes professionnelles, il faut participer à des événements, en faisant partie d’associations, en offrant nos services comme bénévole. Vous êtes ici ce matin avec plus de cent personnes qui aimeraient savoir qui vous êtes et apprendre à vous connaître.
3. Il vous faut également un papier à lettres ou une carte personnalisés avec votre nom et vos coordonnées. Il est vrai que nous envoyons surtout des messages par courriel ou par les réseaux sociaux de nos jours, mais connaissez-vous la joie de recevoir un message de félicitations, de gratitude, de regret, un mot rédigé à la main, et ce, peu importe notre statut social ?

Voilà donc trois trucs pour faciliter le développement de liens : la carte professionnelle, la participation à des événements et le papier personnalisé.

Parlons maintenant de la multiplication de ces liens :

1. Une personne — oui, une seule — dans une institution nous offre une famille professionnelle. Si nous connaissons un sénateur, nous en connaissons 105. Si nous connaissons un avocat dans un cabinet, nous connaissons tous ses collègues. Si nous connaissons un employé dans un magasin, nous connaissons toute l’équipe.
2. Il faut être audacieux et oser demander. En effet, osez demander conseil à vos contacts. Quand nous consultons notre médecin de famille, nous n’hésitons pas à demander le nom d’un spécialiste. Il ne faut pas hésiter à faire la même chose dans toutes les industries. Laissez-moi vous donner un exemple : lorsque je travaillais dans un cabinet d’avocats, j’ai reçu un appel de l’associé-directeur me demandant si je connaissais quelqu’un dans telle compagnie d’assurance à New York. Je lui ai dit que je lui reviendrais. J’ai immédiatement envoyé un courriel à un contact qui m’a présentée à son beau-frère dans une autre province qui m’a enfin présentée à un vice-président dans cette compagnie. J’ai donc été en mesure d’organiser rapidement une réunion pour l’associé-directeur à New York.
3. Gardez votre liste de contact à jour. Croyez-moi, c’est du travail ! La semaine dernière, je me rendais à Toronto en train pour des rencontres de travail. J’avais apporté une pile de cartes professionnelles recueillies dans les dernières semaines. J’ai passé le voyage à les ajouter, une à la fois, dans ma liste de contacts dans mon téléphone, incluant non seulement les données, mais aussi des notes. J’ai même profité du moment pour envoyer une salutation à certains.

La multiplication des liens se fait donc naturellement lorsque : premièrement, nous comprenons qu’une personne peut nous ouvrir les portes d’une communauté ; deuxièmement, nous avons l’audace d’oser demander ; et troisièmement, nous mettons régulièrement notre liste de contacts à jour.

Parlons enfin du maintien de ces liens :

1. Chaque Noël, mon époux m’offre un grand calendrier papier pour la nouvelle année. Ce calendrier me permet d’inscrire non seulement mon horaire de la journée, mais aussi les anniversaires de mes contacts, c’est-à-dire leurs dates de fêtes, de mariage et d’emploi. Tous les matins, en me levant, je vérifie le calendrier et j’envoie immédiatement un mot par courriel. Le mois dernier, j’ai envoyé 35 messages par courriel pour des anniversaires.
2. Envoyer des mots personnels (par courriel ou à la main) pour célébrer un succès ; par exemple, dire « bravo » à un journaliste pour un article perspicace ou encore féliciter un collègue pour une présentation réussie.
3. La présence sur les médias sociaux : s’assurer de demeurer positif et encourageant, et ce, malgré les difficultés.
4. Dire « merci ». Nous avons tellement d’occasions d’exprimer notre gratitude, que ce soit au serveur du restaurant, à la personne qui vous ouvre la porte, à l’ami qui vous a envoyé un mot, au membre de votre famille qui vous a accueilli. Il ne faut surtout pas les rater.
5. Depuis 1995, j’envoie par la poste une carte de souhaits personnalisée de la nouvelle année à chacun de mes contacts. J’ai développé cette habitude lorsque je siégeais au Sénat, et 10 ans après mon départ, je continue de le faire. C’est tellement agréable de prendre le temps de saluer, telle personne, tel couple, telle famille, telle équipe de travail. Le défi consiste à garder à jour les adresses postales de ses contacts. Voici la réaction que je reçois souvent et de plus en plus : « Merci Marie, c’est tellement spécial de recevoir une carte par courrier ».

En résumé, maintenir ses contacts exige que l’on prenne le temps de reconnaître un anniversaire, que l’on envoie un mot personnel à la suite d’un succès, que l’on maintienne une présence positive sur les médias sociaux, que l’on exprime notre gratitude et, finalement, que l’on envoie une carte de souhaits à nos contacts.

Voilà donc quelques trucs pour développer, pour multiplier, pour maintenir vos liens. Avec le temps, vous saurez certainement en ajouter d’autres ! J’ai commencé à développer, maintenir et multiplier mes liens, de manière spontanée, il y a longtemps. J’ai remarqué qu’au fur et à mesure que je progressais sur le plan personnel et le plan professionnel, ma liste de contact ne cessait de croître.

Pour conclure, chers amis, j’aimerais exprimer un souhait : celui de vous voir, dans un avenir proche, faire partie de communautés — communautés au pluriel, par l’effet d’un réseautage réussi. Merci pour votre aimable attention !

Hon Marie-P. Charette-Poulin, B.A., LL.B., M.A.

Parlementaire en résidence

Université Saint-Paul

Ottawa, Canada

* B.A., LL.B., M.A., Sénatrice retraitée et parlementaire en résidence à l’Université Saint-Paul. Le discours a fait l’objet de quelques révisions pour des fins de publication.